Dijon

Une brève histoire de Dijon

Le Moyen-âge

Il est commode d’en fixer la date initiale à la fin de l’unité de l’Empire romain (395) ou à celle de sa chute (476) (haut Moyen Age) et la date finale soit à la prise de Constantinople par les Turcs (1453), soit à la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb (1492) (bas Moyen Age). Le Moyen Age connaît un apogée du Xème siècle au XIIIème siècle.

Le Castrum

Lorsque commencent les invasions barbares, au IIIème siècle, une enceinte fortifiée est construite pour protéger une partie de la ville romaine. C’est le castrum. Son soubassement est formé d’énormes blocs empruntés aux constructions romaines et aux tombeaux, ce qui se constate très bien dans la portion de mur que l’on a dégagée dans le chœur de l’ancienne église Saint-Etienne (musée Rude, rue Vaillant).

Des trente-trois tours, une subsiste parce qu’elle a été aménagée en chapelle au Moyen Age (Tour dite de la Vicomté ou du Petit Saint-Bénigne). On peut la voir dans les cours des n° 11 et 15 de la rue Charrue. Avec ses larges ouvertures en arcades, elle ne ressemble pas à une tour du Moyen Age.

Le castrum est traversé du nord au sud par un bras du Suzon dont le tracé est bien connu. Ce qui frappe, c’est l’exigüité de ce castrum, dont le périmètre ne dépasse pas 1200 mètres (encerclant ainsi une ville de 11 hectares), et aussi le fait qu’il n’est pas traversé par la voie romaine de Chalon à Langres (la prétendue Via Agrippa). Le castrum se trouve en effet un peu à l’ouest de celle-ci, probablement sur une route stratégique qui dessert le camp de la Noue, sur l’actuelle commune de Longvic, et dont les restes sont bien repérables dans le parc de la Colombière.

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Le martyre de Saint Bénigne :
Arrêté lors d’une des nombreuses persécutions contre les chrétiens, il souffrit le martyre pour avoir repoussé les offres de l’empereur Aurélien et du gouverneur du pays, Terentius. Martyre horrible car l’apôtre fut d’abord écartelé puis on lui enfonça des alènes sous les ongles, on lui mit les pieds dans une auge de pierre où l’on coula du plomb. Et finalement on le jeta en pâture à des chiens affamés qui l’épargnèrent. Comme il avait résisté à ces traitements barbares, on lui brisa le crâne d’un coup de barre de fer et on perça son corps d’un coup de lance.
Après sa mort, une chrétienne Léonille embauma sa dépouille qui fut placée dans un sarcophage de pierre .

On déposa le sarcophage dans une crypte du cimetière chrétien de l’ouest de Dijon. Le sarcophage devint l’objet d’un culte.

La basilique édifiée par Saint Grégoire :

Elu évêque de Langres, Saint Grégoire s’occupa de ce culte qui lui paraissait d’origine païenne. Un jour, Saint Bénigne apparut à Grégoire et lui enjoignit d’élever un oratoire sur son tombeau. L’évêque, ému, fit construire une crypte où il descendit lui-même le sarcophage en 511, le 24 novembre. Cette date anniversaire porte le nom de Translatio Sancti Benigni.

Cette crypte, voûtée, fut complétée par une basilique au niveau du sol. Cette église fut consacrée en 535. Edifice avec une nef et deux collatéraux charpentés.

Plan rectangulaire. La pierre où Bénigne avait eu les pieds scellés dans le plomb fut percée de petits creux. Les malades y versaient du vin ou de la bière dont ils se lavaient ensuite les yeux. Les guérisons furent innombrables et le culte du saint, déjà officiel, prit de l’extension.
La basilique fut placée sous la conduite de Eustade par Grégoire qui dirigea un groupe d’hommes de bonne volonté. Cette communauté suivit une sorte de règle et garda le tombeau.
La renommée du sanctuaire attirait une foule de pélerins. En 584, le roi mérovingien Gontran fit une donation importante : un mobilier fort riche pour orner la crypte et la basilique.
La fin des Mérovingiens coïncide avec une période de décadence pour l’abbaye. Les bâtiments commencent à se dégrader de plus en plus sous les Carolingiens et les chefs de l’abbaye, choisis parmi les laïcs, introduisent des idées peu en rapport avec la rigueur de la règle monastique. Les revenus sont utilisés à des fins laïcs et l’abbaye s’appauvrit.

Isaac, véritable fondateur de l'abbaye :

Isaac, évêque de Langres, fut le véritable fondateur de l’abbaye Saint Bénigne de Dijon. Par une charte de 871, il crée le monastère sous la direction du chorévêque Bertilon. La règle de Saint Benoît est adoptée. On constitue les biens temporels nécessaires pour la subsistance des moines.

Isaac fit restaurer la basilique. La chapelle Sainte Marie est une trace encore visible de cette campagne de restauration (chapelle terminale de l’église souterraine signalée dès 938). Salle presque carrée : 4,70 X 4,25 X 3,70 de hauteur. Voûtée en plein cintre. Appareil irrégulier. Lits de mortier de deux centimètres. Trois baies juxtaposées ouvertes dans l’axe de la pièce. Baies actuelles restaurées en 1890. Chapelle sans décoration d’origine. Paroi nord : pierres anciennes avec entrelacs carolingiens enchâssées au 19ème s, tout comme la dalle tombale dans le mur sud : dalle du moine Turpericus, de l’époque mérovingienne.
La basilique restaurée par Isaac est totalement rasée en l’an 1000. Aucune description.
Le relâchement de la règle et la prospérité matérielle de l’abbaye avaient amené la décadence de la fondation d’Isaac. La réforme est indispensable.

Guillaume de Volpiano :

Guillaume de Volpiano, moine venu de Cluny, Piémontais d’origine, proche de Mayeul, abbé de Cluny.

L’évêque de Langres, Bruno, demande à Mayeul d’envoyer des moines d’élite à Saint Bénigne. Douze moines arrivent à Dijon en 989, le 24 novembre. En 990, Guillaume est nommé abbé.
Les bâtiments menacent ruine. Le 14 février 1002, on pose la première pierre des nouveaux bâtiments. Guillaume dirige lui-même les ouvriers venus d’Italie. Il s’agit de construire trois sanctuaires sur l’emplacement des constructions du 9ème s. : une église souterraine, abri du tombeau de Saint Bénigne ; une église au niveau du sol pour le culte ; une rotonde, au chevet des deux églises, de trois étages.
Ces trois constructions couvraient une longueur de 100 m et une largeur de 25 m. L’étage inférieur de la rotonde est le seul vestige actuel de cet ensemble.

Le Grand Dijon du XIIème siècle :

  • Au début du 12ème s., Dijon n’est que la juxtaposition d’une demi-douzaine de bourgs administrativement distincts, où s’entremêlent les pouvoirs du Duc et ceux des deux abbayes de Saint-Etienne et de Saint-Bénigne.Les bourgs :
  • le castrum, le Bourg proprement dit, le long du mur occidental de ce castrum
  • plus à l’ouest, le bourg Saint-Bénigne ou Cloître au sud de l’abbaye Saint-Bénigne
  • au sud du castrum, la Vicomté ou l’église Saint-Pierre (détruite à la Révolution)
  • à l’est, le bourg du Vieux Marché, avec l’église Saint-Michel
  • au nord, le bourg du Marché Neuf autour de Notre-Dame, simple chapelle
  • plus au nord, le bourg Saint-Nicolas.

 

Le 28 juin 1137, un terrible incendie dévaste l’agglomération où la plupart des maisons sont certainement en bois. On sait que les églises Saint-Bénigne et Saint-Etienne sont gravement endommagées. Profitant de ce désastre qui détournent les moyens des abbayes vers les travaux de reconstruction, le duc Eudes II entreprend la construction d’une enceinte englobant la quasi totalité de l’agglomération en prenant soin de ménager de larges espaces vides susceptibles de favoriser le peuplement de la ville.
L’évêque de Langres intervient au nom des abbayes dijonnaises qui se trouvent maintenant comprises dans la nouvelle enceinte. Il obtient contre le Duc, en 1153, un jugement du roi Louis VII, mais celui-ci est trop faible pour le faire exécuter.

Cette muraille assure l’unité matérielle de l’agglomération. Une trentaine d’années après, les chartes concédées par le Duc Hugues III en 1183 et 1187 lui donnent son unité morale et en font une Commune.

Le Grand Dijon du XIIème siècle :

  • Au début du 12ème s., Dijon n’est que la juxtaposition d’une demi-douzaine de bourgs administrativement distincts, où s’entremêlent les pouvoirs du Duc et ceux des deux abbayes de Saint-Etienne et de Saint-Bénigne.Les bourgs :
  • le castrum, le Bourg proprement dit, le long du mur occidental de ce castrum
  • plus à l’ouest, le bourg Saint-Bénigne ou Cloître au sud de l’abbaye Saint-Bénigne
  • au sud du castrum, la Vicomté ou l’église Saint-Pierre (détruite à la Révolution)
  • à l’est, le bourg du Vieux Marché, avec l’église Saint-Michel
  • au nord, le bourg du Marché Neuf autour de Notre-Dame, simple chapelle
  • plus au nord, le bourg Saint-Nicolas.

 

Le 28 juin 1137, un terrible incendie dévaste l’agglomération où la plupart des maisons sont certainement en bois. On sait que les églises Saint-Bénigne et Saint-Etienne sont gravement endommagées. Profitant de ce désastre qui détournent les moyens des abbayes vers les travaux de reconstruction, le duc Eudes II entreprend la construction d’une enceinte englobant la quasi totalité de l’agglomération en prenant soin de ménager de larges espaces vides susceptibles de favoriser le peuplement de la ville.
L’évêque de Langres intervient au nom des abbayes dijonnaises qui se trouvent maintenant comprises dans la nouvelle enceinte. Il obtient contre le Duc, en 1153, un jugement du roi Louis VII, mais celui-ci est trop faible pour le faire exécuter.

Cette muraille assure l’unité matérielle de l’agglomération. Une trentaine d’années après, les chartes concédées par le Duc Hugues III en 1183 et 1187 lui donnent son unité morale et en font une Commune.

La commune de Dijon au XIIIème siècle

Protégée par sa nouvelle muraille et dotée d’une administration communale, la ville de Dijon connaît une période de prospérité qui durera jusqu’aux premières années de la guerre de Cent ans.

La ville est également un carrefour routier- d’où de très nombreuses auberges- mais elle n’a pas une activité industrielle notable. Il s’y trouve, comme partout, des moulins et des tanneries, des fabricants de drap et de toile mais l’activité reste en grande partie rurale. Il y a beaucoup de vignerons dans la population qui cultivent les vignes des pentes de Montchapet, des Marcs d’Or et des Poussots ; les pressoirs sont nombreux en ville. C’est aussi un centre commercial. Les noms des rues des Forges, Chaudronnerie, Verrerie ou Vannerie rappellent les artisans qui y travaillent. Il y a des foires qui attirent le négoce régional.

Le maire, en vieux français le « maïeur », est élu chaque année, le 23 juin, veille de la Saint-Jean, par le peuple assemblé au cimetière Saint-Bénigne, devant l’église Saint-Philibert. C’est en 1350 seulement que sera achetée, pour servir d’Hôtel de Ville, une maison particulière, dite Maison du singe, à l’emplacement de l’ancienne Faculté des Lettres, à l’angle des rues Chabot-Charny et de l’Ecole de Droit.

Les archives de la Ville sont déposées dans une tour de Notre-Dame, dans un coffre à triple serrure dont les trois clés sont confiées à trois personnes différentes. C’est d’ailleurs une cloche de Notre-Dame qui convoque le peuple aux assemblées. C’est de son clocher qu’un guetteur veille constamment, la nuit pour prévenir des incendies, le jour pour signaler l’approche de troupes suspectes. Les registres d’audience et autres papiers de la justice témoignent également que les rixes et tapages nocturnes sont nombreux malgré la vigilance du guet.

Le guet surveille également l’éventuelle arrivée de brigands redoutables dont le nom seul fait trembler d’effroi même les plus courageux, ce sont les Routiers. Ce sont des bandes d’hommes sanguinaires, sans scrupules. Ils sillonnent la France à la recherche de butins. Ils sont organisés en Grandes Compagnies. Un homme, souvent un noble, les dirige. Une des plus sinistrement célèbres est la compagnie des Ecorcheurs qui met à feu et à sang la Bourgogne au XVème siècle, à la fin de la guerre de Cent ans. Car ces hommes sont des anciens soldats au chômage, allemands, espagnols, français, italiens, manants, seigneurs, tous des mercenaires, qui se font payer pour se battre. Ils ont gardé leurs armes, mais ils ont oublié leurs origines, leur morale et leur famille. Ils se donnent des surnoms évocateurs : Brisebarre, Taillecol, Bras de fer, …

Brutes épaisses et cupides, ils massacrent, ils pillent et ils rançonnent alentour. Le plus terrible est qu’on ne peut les capturer : ils changent tout le temps de place. Ils ont aussi à leur solde un réseau d’espions qui les informent continuellement des pièges qu’on leur tend, et des bons coups à faire. Leur puissance est telle que les princes sont obligés de négocier avec eux : en 1360, le régent Charles, futur Charles V, fils du roi Jean II le Bon (prisonnier en Angleterre depuis la bataille de Poitiers en 1356), frère de Philippe le Hardi (de Bourgogne), doit signer avec eux, devant notaire (!), un traité dans lequel il s’engage à verser 12 000 florins d’or, en échange de quoi les Compagnies lui accordent la liberté de circuler entre Paris et la Picardie

Le commerce à Dijon au Moyen âge :

La ville médiévale n’est jamais très grande.

Dans les rues de la ville règne une animation intense car les hommes au Moyen Age vivent beaucoup dehors. Les maisons sont très ouvertes sur la rue. Chaque matin, les boutiquiers ouvrent leur volet de bois, et rabattent vers l’extérieur une planche sur laquelle ils étalent leurs marchandises. La Maison Millière, à Dijon, en est un bel exemple. Les passants s’y accoudent à loisir et peuvent ainsi examiner au plein jour les articles proposés. Certains artisans comme le cordonnier travaillent dehors, dans la rue. Comme les métiers ont tendance à se regrouper au même endroit, chaque quartier de la ville a sa spécialité et sa physionomie propre.

Tous les magasins sont en même temps les ateliers où sont créés les articles. On entend de la rue le soufflet et le marteau du forgeron, la scie du charpentier, les discussions des habitués du quartier chez le barbier, et dominant tout cela, les cris des marchands. Le plus populaire est le crieur de vin, qui interpellent les passants de sa voix puissante. Le tavernier l’a engagé pour un jour ou pour une semaine, pour annoncer dans les rues l’arrivée d’un vin nouveau et le faire déguster aux amateurs.

Il faut ajouter à tous ces bruits le cahotement des chariots de bois, le grognement des porcs qui errent en liberté, malgré les interdictions répétées, à la recherche de déchets, le bêlement des moutons que l’on mène au marché, les criées en pleine rue d’une levée d’impôt ou d’une vente aux enchères, les injures des gens qui se bousculent pour passer dans les venelles étroites.
Il faut imaginer aussi le son des cloches qui chaque matin fait s’ouvrir les volets des échoppes, à midi se poser les outils, pour le temps du déjeuner, et chaque soir rabattre les auvents et fermer les boutiques. Tout le monde s’arrête en même temps. Il est formellement interdit de travailler à une lumière autre que celle du jour : on risquerait de mal besogner faute de clarté, ou de provoquer un incendie.

Une dernière cloche, le soir, annonce le couvre-feu : les ponts-levis aux entrées de la ville sont relevés, on ferme les lourdes portes de bois, on abaisse les herses. Des équipes de gardes assurent le guet de nuit. La ville sombre dans l’obscurité et le silence. Parfois une bruyante envolée de cloches déchire le calme de la nuit. C’est le tocsin qui prévient d’un danger : une armée ennemie, une troupe de brigands signalées devant la porte, un incendie qui se déclare.

Commerces de la rue des Forges à Dijon
Au Moyen-Age, on n’aimait pas les longues rues, ou du moins, on les tronçonnait sous des dénominations différentes, afin de faciliter le repérage des maisons qui n’étaient pas alors numérotées et surtout la tâche du collecteur des impôts.

Dès le XIIIème siècle, la rue des Forges est le centre commercial de Dijon

De fait, la plupart des maisons de la rue des Forges furent habitées par une longue succession de commerçants. Presque toutes furent créées pour le négoce et plus ou moins décorées par leurs possesseurs suivant leurs goûts et leur fortune acquise.

Le rôle du changeur est de donner moyennant paiement, à celui qui arrive de l’extérieur de la ville, la monnaie utilisée dans la ville, qui n’est pas la même partout, puisque chaque grande cité commerçante (ou chaque grand seigneur) a le droit de frapper sa propre monnaie. Les changeurs travaillent surtout les jours de marché. On peut les voir dans leurs boutiques se pencher sur de minuscules balances très précises, derrière un établi de bois sur lequel s’empilent des tas de pièces variées. Dès le milieu du XIIème siècle, à l’époque où Dijon fut dotée d’une administration municipale, le développement de son commerce avait exigé l’établissement d’une maison de change. On peut se figurer les difficultés soulevées alors sur les marchés locaux par l’apport d’une multitude de monnaies différentes, frappées sans règle commune.

Au n°40 de la rue des Forges (actuel Hôtel Aubriot), on avait construit en sous-sol de grandes caves voûtées sur piliers, et qui accédaient directement à la rue par des escaliers aboutissant à des ouvertures dont la hauteur n’atteignait pas la taille humaine. Ces caves gardaient, en toute sécurité, les dépôts monétaires et se nommaient les Voûtes du Change.
Si le métier de changeur présentait des risques, il offrait aussi de gros bénéfices. L’un des premiers changeurs de Dijon s’appelait Guillaume Aubriot et détenait cet office au XIIIème siècle. C’est lui qui fit vraisemblablement construire, au-dessus des Voûtes du Change, la belle façade aujourd’hui restaurée. C’est dans cette maison que naquit son petit-fils Hugues, vers 1320. Il fut le prévôt de Charles V. Il fut aussi le créateur de la Bastille.

Les XVII èmes et XVIII èmes siècles :

  • Le Gouverneur :

Le premier maître de la province au nom du roi est le gouverneur. Depuis le XVIIème siècle, les gouverneurs de la Bourgogne sont presque tous issus de l’illustre famille des Condé, premiers princes du sang. En théorie, ils contrôlent les forces militaires, avec l’assistance d’un commandant en chef, de la milice, qui est une sorte d’armée de conscription, et de la maréchaussée. En réalité, leur pouvoir réel dans le domaine militaire est limité. En effet, la Bourgogne, qui n’est plus une province frontalière, accueille peu de troupes à cette époque.
Le Gouverneur n’a pas le droit de résider en Bourgogne. Il n’y vient que tous les trois ans pendant quelques semaines.
Il représente la région auprès du roi et intervient souvent à Versailles dans les services et dans les ministères.
Il contrôle la nomination de nombreux fonctionnaires, les officiers, et indirectement, par l’influence qu’il exerce sur les Etats, des maires et des échevins.
Rien d’important ne se fait en Bourgogne sans le gouverneur, qui y est populaire.

Les gouverneurs de la Bourgogne :

  • Louis II de Condé de 1686 à 1710
  • Louis-Henri de Bourbon de 1710 à 1740
  • Louis-Joseph de 1740 à 1789

 

  • L’Intendant : Il est l’autre maître de la Bourgogne au nom du roi.

L’intendant est un noble. Il est souvent issu d’une grande famille parlementaire parisienne.
L’intendance de Dijon est plutôt une nomination de fin de carrière d’intendant.

La suite logique, après un long passage en Bourgogne comme intendant, est souvent un poste de conseiller d’Etat.
Les intendants séjournent, jusqu’en 1781, dans le logis abbatial de Saint-Bénigne. Il sont ensuite logés dans l’hôtel de Lantenay, acquis par la Province. Une vingtaine de commis, placés sous l’autorité du secrétaire en chef et subdélégué général, assistent l’intendant

  • Le pouvoir de l’intendant est inégal dans les différentes régions qui composent sa généralité. Il est moins grand dans les pays d’états que dans les pays d’élections.
    L’intendant contrôle les finances de ces pays.
    • Il intervient auprès des Etats comme commissaire du roi.
    • Il contrôle les justices secondaires et les affaires de culte.
    • Il contrôle l’administration militaire et la coupe et le transport du bois.
    • Il a également des fonctions économiques et statistiques.
    • Il exerce un pouvoir sur les fermes des impôts, l’enseignement, la santé et l’imprimerie.
    • Il juge en contentieux administratif.
    • En pays d’élections, il est responsable des questions financières et des ponts-et-chaussées.

 

  • De 1800 à 1839 :

A la veille de la Révolution, Dijon n’est qu’une ville moyenne (de 20 000 à 23 000 habitants), bien que la plus peuplée de la Bourgogne et comptant à peu près autant d’habitants que Nancy ou Montpellier. Quelques 85% de la population vit à l’ntérieur des murs, sur une centaine d’hectares, dans le reste des faubourgs qui couvrent près de 80 hectares. Ces faubourgs amorcés au Moyen Age et au XVIème siècle en direction du nord-est (faubourg d’Ouche), se sont développés dans plusieurs directions comme au sud-est le long de la route d’Auxonne.

Dijon au XIXème siècle et dans la première moitié du XXème siècle

La population de la ville passe de 19 000 habitants en 1801 à 27 000 habitants en 1846, 32 000 en 1851, 60 000 en 1886, pour atteindre 90 000 en 1931 et près de 100 000 à la veille de la seconde guerre mondiale.

La première moitié du XIXème siècle

Si la départementalisation porte un coup sévère à l’ancienne capitale de province, l’achèvement du canal de Bourgogne (1808 entre Dijon et Saint-Jean-de-Losne ; 1833 pour la partie occidentale) stimule un certain développement commercial. Le visage de la ville se transforme quelque peu par l’élargissement de certaines rues (rue Chabot-Charny, 1820) et l’ouverture des premières places près des fortifications, à architecture néo-classique : place Saint-Pierre (Wilson actuelle), 1836 ; place Saint-Bernard, 1836-1844, dessinée par Léon Lacordaire, frère du célèbre prédicateur. Henry Darcy établit les fontaines publiques qui apportent l’eau potable.

De 1851 à 1914 :

L’arrivée du chemin de fer, à partir de 1851, constitue un évènement majeur. L’étoile dijonnaise se constitue dans la vingtaine d’années qui suit. La gare de triage de Perrigny, ouverte en 1886, sera à l’origine du nouveau quartier des Bourroches.

Dijon commence à s’industrialiser, bien qu’assez timidement, et surtout dans les années 1880.
Parallèlement, l’importance stratégique de Dijon fait que la ville s’entoure d’une ceinture de forts, bâtis de 1878 à 1880, et qu’elle devient un centre de garnison, avec 4600 hommes de troupe en 1891.

Des nouveautés importantes interviennent en matière d’urbanisme, dont la principale est la démolition des remparts (plan de débastionnement de la municipalité Joliot, 1886) qui s’étale sur une trentaine d’années. Le tracé des remparts est repris approximativement par les boulevards et grandes places de la fin du XIXème siècle (boulevards de Brosses, de la Trémouille, Thiers, Carnot, de Sévigné, etc). La place de la République, ovale, est ouverte en 1888, à l’emplacement de la porte et du bastion Saint-Nicolas. La place Darcy est aménagée, ainsi que le square attenant, au début des années 1880, dans un style hausmanien, qui ne manque pas de majesté : immeubles particuliers à étages, hôtels et cafés comme celui de la Rotonde, ouvert en 1882. Des immeubles résidentiels flanquent aussi les boulevards de Brosses et de la Trémouille, tandis que le lycée Carnot est édifié en bordure du boulevard Thiers (1893). Sur une partie de l’emplacement du château de Louis XI, dont la démolition est achevée en 1897, est construite la poste, devant laquelle la place Grangier est ouverte en 1910. Diverses retouches sont apportées au centre historique, comme la création de la place François Rude, en 1904.

Au-delà de l’ancienne enceinte, les quartiers périphériques se développent largement, sous formes d’immeubles jointifs irréguliers et assez mal bâtis dans les quartiers populaires, puis en partie sous forme pavillonnaire dès les années 1880 : quartier de la Fontaine des Suisses, à partir de 1883 ; quartier des Bourroches, peuplé de cheminots, qui se développe après l’ouverture de la gare de triage de Perrigny en 1886. Cette époque est aussi celle où s’accentuent les contrastes entre les beaux quartiers (allées du Parc, boulevard de Brosses, bas de l’avenue Victor Hugo) et les quartiers médiocres mêlant habitations populaires et entrepôts, usines comme, par exemple, dans le quartier du Petit Cîteaux près de l’abattoir, ouvert en 1858.

Vers 1880, il existe même de véritables bidonvilles, comme au nord-ouest dans le quartier de Nouméa prolongé par la cité des Kroumirs, le long du Suzon, agglomération de cabanes, de cahutes bordant des chemins incertains et fangeux. Au sud, le quartier des Tanneries malpropre et insalubre, aux masures basses et humides, n’est pas en meilleur état, tandis que l’insalubrité règne aussi dans les faubourgs Raines et d’Ouche, sans parler des taudis et des fonds de cour du centre de la ville.

L'entre-deux guerres :

Sous Gaston Gérard, maire de 1919 à 1935, tandis que certaines industries manifestent un bon dynamisme, l’expansion de l’habitat pavillonnaire reprend dans toutes les directions : quartier de l’avenue du Stand à l’ouest, des Bourroches au sud, du haut de l’avenue Victor Hugo et du quartier Montchapet au nord-ouest, ce dernier dans une tonalité nettement résidentiel. Lorsque les habitations ne se disposent pas de façon linéaire, comme le long de la route de Beaune, le paln est généralement en damier ou en arêtes de poisson. De cette époque date le quartier de la Maladière, au nord de Dijon (aujourd’hui coupé par le boulevard périphérique), réalisé par la ville sur un ancien champ de manoeuvres à partir de 1923 (l’église du Sacré-Coeur date de 1933). Ces quartiers pavillonnaires sont surtout destinés aux classes moyennes, auxquelles la loi Loucheur facilite l’accession à la propriété.

Un plan d’aménagement, d’embellissement et d’extension de la ville est mis en chantier dès 1919 et approuvé par le conseil municipal en 1930 !

Trois zones sont ainsi réservées à l’industrie : vers la gare et le port ; de part et d’autre de la voie ferrée d’Is-sur-Tille ; dans le quartier de la rue de Jouvence et de l’avenue général Fauconnet, ce dernier quartier étant sans desserte ferroviaire, mais déjà pourvu d’établissements industriels, comme les laboratoires Fournier. Ces quartiers, proches des zones industrielles, sont affectés aux habitations ouvrières, aux cités-jardins et aux villas modestes, tandis que le haut de l’avenue Victor Hugo, par exemple, accueille des maisons de plaisance ou de villas d’une certaine importance ; les industries quelles qu’elles soient en sont rigoureusement écartées.
Le début des années 1930 voit la mise en place du parc des sports, dans le quartier Est, au bas de la colline de Montmuzard.

Dijon, à la veille de la guerre, munie d’un réseau de tramways, compte environ 100 000 habitants. Mais c’est une ville encore à peu près dépourvue de banlieues. Talant et Fontaine ne sont encore que des villages isolés sur leurs buttes, où la vigne subsiste en partie. Longvic atteint toutefois 1800 habitants et Chenôve 2500, grâce à la proximité de Perrigny.Mais dans ses limites actuelles, la banlieue ne totalise encore que 11000 habitants en 1936